aux cieux
« aux cieux » est né de ma sensibilité pour les œuvres de Camille Claudel, à ce qu’elle représente en tant que créatrice dans l’Histoire de l’art et, plus largement, à l’ensemble de la collection portée par le musée Camille Claudel à Nogent-sur-Seine. La focale de ma résidence a été de porter mon regard sur les mains des sculptures. Néanmoins, cet angle m’a permis d’ouvrir le sujet : de ce détail émerge une réflexion sur l’acte créateur lui-même.
Je cherche, dans ce texte, à tisser des liens entre les corps et les pensées. J’ai eu cette nécessité de dire : ma main c’est ma pensée. Comme si je portais en moi cette dualité qui fait à la fois deux et une seule entité.
Le texte se compose de quatre parties qui reprennent chacune un mouvement de main : repli, tendre, serrer, lâcher. C’est un texte écrit à la première personne du singulier, sur le mode de l’autofiction. J’utilise des éléments du réel que je déforme et que je tords. C’est ma langue en elle-même – c’est-à-dire la manière dont je raconte les choses, le rythme des phrases, les choix de langage – qui permettent de fabriquer la fiction.
Les œuvres du musée y sont omniprésentes de manière fantomatique. Elles m’ont poussée dans mes retranchements. Parfois, sans que je m’en rende compte, elles apparaissaient dans le texte alors je les laissais là. Elles y ont leur place. J’ai fait corps avec elles. Ce sont donc de vraies « guides littéraires », car il en faut, qui m’ont conduite à écrire « aux cieux ».
En laissant libre cours à mon interprétation des œuvres du musée, j’ai enrichi ma pratique et nourri les réflexions qui l’animaient déjà. « au cieux » aborde notamment la notion de sororité, de désir, de sentiment d’amour et d’indépendance, vu sous le prisme de la création.
Lors de l'exposition de fin de résidence au musée Camille Claudel. Le texte est imprimé sur de long pans de taffetas suspendus face aux sculptures : une présence fantomatique faisant écho aux drapés de celles-ci.
Livret d'exposition à lire ici